Tout le corps diplomatique porte la cravate, sauf lui. Quand Reuben Brigety entre dans une salle, on ne peut pas le rater. Mais ce n’est pas seulement son nœud papillon qui rend l’ambassadeur des Etats-Unis en Afrique du Sud remarquable, ce sont ses propos. En mai, il convoquait la presse pour dénoncer une livraison d’armes sud-africaine à la Russie au départ de la base navale de Simon’s Town, près du Cap. Il ne fournissait pas de preuves, mais il jurait sur sa vie que ses informations étaient solides.
Cette petite bombe, ainsi que la proximité de Pretoria avec Moscou, malgré l’invasion de l’Ukraine, avait poussé des membres du Congrès américain à écrire une lettre bipartisane au président Joe Biden, le 9 juin, pour lui demander de trouver un autre pays africain où organiser le vingtième forum consacré à l’African Growth and Opportunity Act (AGOA-Loi sur la croissance et les opportunités économiques en Afrique). Les parlementaires laissaient entendre que l’Afrique du Sud pourrait par la même occasion être exclue par la Maison Blanche des trente-cinq pays bénéficiaires de ces accords commerciaux, la privant d’exemptions douanières sur certains produits exportés vers les Etats-Unis. Ce sont finalement la Centrafrique, le Niger, le Gabon et l’Ouganda qui viennent d’être retirés de la liste.
A la veille du forum, qui s’est tenu du 2 au 4 novembre à Johannesburg, le sénateur républicain Jim Risch (Idaho) s’est fendu d’une nouvelle lettre pour exprimer sa déception de voir l’Afrique du Sud organiser cet événement et de continuer à bénéficier des avantages de l’AGOA, « malgré les actions continues de l’Afrique du Sud qui portent atteinte aux intérêts de sécurité nationale et de politique étrangère des Etats-Unis ».
Add Comment